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Pendant deux ans, j’ai couvert pour La Tribune - Le Progrès cet événement littéraire qu’est la fête du livre de Saint-Etienne, "avalant" quantité d’ouvrages, rencontrant autant d’auteurs, arpentant les rues et les allées, écrivant à la volée échos, comptes-rendus, interviews, critiques... Parce qu’il faut choisir, voici trois sujets, écrits lors de l’édition 1997.
Paru le 11 octobre 1997
L’écrivain algérien estime que les excès terroristes qui règnent dans son pays arrivent à leur terme.
"Lorsqu’une mouvance est perdue, elle pratique la politique de la terre brûlée". Par ces termes, Rachid Boudjedra explique le paroxysme que connaît actuellement le terrorisme en Algérie. "Les extrémistes sont de moins en moins nombreux ; ils ne peuvent plus nuire en plein centre d’Alger, alors ils se déchaînent dans les villages, non loin de la ville : ils se savent perdus".
L’écrivain est persuadé que la violence arrive à son terme, qu’elle agonise dans un dernier excès d’horreur.
Plusieurs de ses livres témoignent de la campagne de terreur qui règne sur son pays depuis de longues années. Son dernier roman, La Vie à l’endroit, est largement autobiographique.
"Ce roman est le roman de ma peur", explique l’écrivain. Car il a peur, même s’il se sent aujourd’hui protégé. "Depuis deux ans, aucun de mes amis n’a été assassiné ; les intégristes ne s’attaquent plus aux intellectuels, qui se sont organisés en un réseau d’auto-protection". Néanmoins, Rachid Boudjedra a appris, au fil des années, à se caler le dos contre un mur, à faire attention, à repérer les visages.
L’auteur écrit depuis longtemps ; plus que pour témoigner, il écrit avant tout pour le plaisir d’écrire. Seuls quelques-uns de ses ouvrages sont consacrés aux événements terroristes. Si la fin des attentats arrive enfin, si son pays retrouve la paix et l’équilibre, alors, peut-être, l’écrivain livrera-t-il de nouveaux romans, plus légers, où c’est le bonheur de vivre qui remplit les pages.
Paru le 8 octobre 1997
Survivre. Dans un pays sans cesse envahi, pillé, détruit. Dans une famille tentaculaire, aux visages terrifiants, aux destins tragiques, sanglants. Dans une fuite de la condamnation à mort, prononcée par des intégristes au couteau de boucher. Mais avec Flo, la jumelle française, l’amante qui ramène de l’hôpital des photos de victimes suppliciées. Survivre : pour Rac, l’algérien déguisé pour échapper à ses tueurs, la lutte pour la vie se confond avec le pèlerinage éperdu et désordonné entre les trois villes de son enfance.
Pendant trois mois, Rachid Boudjedra suit ce héros tremblant que la mort obsède - comme tout son pays. Alger, Constantine, Bône : trois ports d’attache où Rac (Rachid) caresse avec volupté le dessein de créer sa propre bande armée. Pour se protéger. Pour protéger le souvenir de Yamaha, la mascotte au sifflet d’or qui, pour avoir fait fuir la peur, a été abattue. Pour tuer les assassins de la liberté.
Sous la plume d’un philosophe, naît un roman qui tache les mains de la noirceur insondable des assassins (de l’arabe hashashin). Sous la plume d’un Algérien, s’étalent les photos troubles des mille étapes de la mort d’un peuple. Sous la plume d’un homme, surgit l’espoir de la victoire universelle, celle du refus de tuer, pour quelque cause que ce soit. La victoire de la vie, à l’endroit.
La Vie à l’endroit, par Rachid Boudjedra. Éd. Grasset, 219 pages, 98 F.
paru le 13 octobre 1997
Ils sont venus pépier dans la grande salle de la mairie, hier après-midi : ils gonflaient leurs plumes trempées d’encre couleur charbon, pas fiers [1]. Ils ont pondu, à huit, un œuf délectable : "Drôle d’oiseau". Ce sont les auteurs stéphanois.
Ce n’est pas une table ronde qui a réuni les écrivains de Saint-Étienne, devant des auditeurs curieux comme des pies. Celui qui a écrit "table ronde" sur les écriteaux s’est trompé. C’était une branche feuillue de pages noircies de jolis mots, sur laquelle s’étaient perchés quelques piafs bavards.
La fauvette : Huguette Bouchardeau. À la tête de HB Editions, elle a pris sous son aile, le temps d’un livre, le reste de la nichée. Les moineaux : Jean-Noël Blanc, Pierre Charras, Jean Colombier, Patrick Drevet, Robert Mazoyer et Piem. Et Paul Fournel, posé sur le rebord d’une gouttière à San-Francisco. Y a-t-il des gouttières à San-Francisco ? Ils sont venus parler de leur couvée : un petit bouquin, où chacun et chacune a pondu une nouvelle, un récit, un conte... "Drôle d’oiseau" est, selon la fauvette, "un objet bizarre, qui n’a comme unité que l’attachement à la terre stéphanoise".
Bizarre, mais précieux. Chacun des volatiles est allé chercher dans son propre ciel ce qu’il trouvait de plus beau parmi les nuages. Un souvenir d’enfance pour Mazoyer, une énigme à la mode d’Agatha Christie pour Huguette Bouchardeau, une photo étrange pour Drevet... Mais un œuf ne se raconte pas : il se goûte. Il se savoure, on peut picorer celui-là dans le désordre, on peut le manger brouillé.
Bizarre, mais normal en "Stéphanie". Unis, issus du même nid, même si quelques coucous sont arrivés sur le tard : les auteurs stéphanois forment une jolie bande, qui bruit, qui s’éparpille, avant de revenir jacasser autour d’un bouquin. Chacun a son chant, chacun crie comme il lui plaît. Mais hier, leurs trilles étaient à l’unisson. Ils ne forment pas une "école" ; ce ne sont pas des canaris bien dressés. Mais ils se vouent, d’après Jean-Noël Blanc, "une admiration et une estime réciproques, alors qu’on se jalouse dans d’autres milieux littéraires".
Ils sont repartis glaner les graines de leurs futures œuvres, dans un grand bruit d’ailes. Ils reviendront l’année prochaine.
Paru le 13 octobre 1997
Yann Moix est un personnage de roman. Un vrai. De chair, d’os et de passion, pour qui l’existence ne suffit pas : il lui faut VIVRE, pleinement.
L’auteur des Cimetières sont des champs de fleurs ne se perd pas en coquetteries d’auteur bien coté. Il va droit au but, droit aux mots, devant son infusion comme devant sa page blanche. "J’écris pour ne pas devenir aussi fou que les personnages de mes romans". Voilà, pas besoin de lui poser de questions. Il déballe, vite, précisément, comme il écrit. Sélectionné pour les prix Femina, Interallié et Renaudot, son dernier roman explore la haine et l’amour, dans ce qu’ils ont de plus extrême. Jusqu’au bout, jusqu’au fond. L’auteur se jette dans sa vie avec la même exigence d’absolu.
Il se lance de perpétuels défis, se jette éperdument dans tout ce qu’il fait... Passionné, il se dit "obsessionnel" ; déterminé, il obtient gain de cause même pour ses projets les plus fous. Il veut faire un film ? Qu’à cela ne tienne, il écrit un scénario adapté de son premier roman, Jubilations vers le ciel, et trouve acteurs et producteur. L’an prochain, les écrans verront Sami Naceri et Charlotte Vallandray y incarner les rôles principaux.
Dans trois ans, Yann Moix sera musicien ; à 29 ans, il se lance dans l’apprentissage du solfège et de la guitare électrique, en vue d’enregistrer un CD. Il réussira. Entre-temps, deux autres livres seront parus. Le prochain, qui sortira en février, s’intitule Dernières nouvelles de l’amour. Cet essai propose une définition de chaque terme amoureux.
[1] Note pour les visiteurs de ce site : À Saint-Étienne, quelqu’un qui n’est "pas fier" est d’un abord facile, jovial. Quand on a croisé dans la rue une personne qui est passée sans vous reconnaître, on lui dit ensuite : "Fouilla, ben t’étais fier hier !"
Ah dis donc... la bouffée de terroir...
Tu te rends compte, Brendu ? C’était il y a déjà douze ans... Je donnerais cher, très cher, pour revenir en arrière, et pouvoir faire mon métier.
Ici, à Toulouse (quatrième ville de France, quand même), il n’y a pas de manifestation comparable à la fête du livre. Il y a des bricoles avec des éditeurs régionaux, il y a aussi une sorte de festival avec des lectures publiques (le « Marathon des mots », avec deux ou trois acteurs connus qui lisent des textes d’auteurs à la mode devant un public qui paie cher), mais ça n’a strictement rien à voir. C’est nul.
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